article mis à jour 22 mai 2020
AVC et maladie d'Alzeimer exposent à un risque accru d'épilepsie
Avec l’allongement de la durée de vie, la tendance est à la hausse. Les observations du personnel peuvent être déterminantes pour reconnaître les crises. Chez les personnes âgées, la maladie se manifeste parfois par des troubles de la conscience ou des tressaillements. Les trous de mémoire ou les chutes et la confusion qui suivent peuvent également être mal interprétés. C’est pourquoi tous les professionnels intervenant auprès de seniors devraient connaître les symptômes qui peuvent évoquer une épilepsie.
Professionnels en établissements pour personnes âgées ou pour personnes handicapées vieillissantes, auxiliaires à domicile, vous êtes concernés : les malaises de Mme D c’est peut-être de l’épilepsie, Mr Y a subi une crise après son AVC, est-il épileptique ? Mme B a un traitement antiépileptique, quelles sont les précautions à prendre ? Le fils de Mr H craint que son père subisse une crise quand il est seul à domicile, que proposer ?
Les hommes et les femmes âgés de 65-74 ans résidant en Ehpad sont 10 fois plus souvent concernés par une maladie neurologique, essentiellement l’épilepsie (CNAMTS rapport charges-produits 2017) et ça s'accentue chez les plus âgés. Voyons 2 causes principales.
10% des épilepsies des adultes, 30% des épilepsies des plus de 65 ans sont liées à un AVC (accident vasculaire cérébral).
1 patient sur 10 ayant vécu un AVC subit une crise d’épilepsie.
La prévalence de l’épilepsie augmente avec l’âge car la maladie guérit rarement et l’incidence augmente rapidement après 65 ans car souvent associée aux accidents vasculaires cérébraux.
Source CNAMTS "Propositions de l'Assurance Maladie pour 2018" p105-111
L'inquiétude d'une personne ayant eu un AVC, c'est la récidive de l'AVC. La zone touchée par la crise d'épilepsie est souvent proche de celle de l'AVC : l'activité épileptique anormale des neurones y débute, donnant des manifestations semblables à l'AVC initial (trouble moteur, du langage, visuel…). Différence : la crise d'épilepsie est brève.
Des examens complémentaires sont nécessaires afin de vérifier qu'il n'y a pas de nouveaux symptômes liés à une atteinte vasculaire (AIT ou AVC) et pour déterminer si c’est de l’épilepsie. Emmenez la personne en consultation ! Ce n’est pas parce que c’est bref que vous devez le négliger.
On distingue des crises précoces (dans les jours suivant l'AVC) et les crises plus tardives (majoritairement entre le 6ème et le 12ème mois après l’AVC) mais aussi les crises avant l’AVC. Lorsqu’elle est précoce, la crise est souvent unique et n’évolue pas vers une épilepsie. Point du Pr Sophie Dupont sur l’aspect médical
L’épilepsie se rencontre dans 2 à 4% des cas après un accident vasculaire cérébral.
La période à risque maximal de développer une épilepsie vasculaire est comprise entre le 1er et le 18e mois après un AVC. L’évolution de cette épilepsie est souvent favorable, les crises étant habituellement peu fréquentes. Elles sont souvent contrôlées par un traitement antiépileptique en monothérapie. Revue Neurologie Volume 173, Supplément 2, March 2017, Pages S189-S190
La maladie d'Alzeimer est associée à un risque d'épilepsie
Selon les études, jusqu'à 22% des personnes atteintes de la maladie d'Alzeimer ont des crises d'épilepsie. La prévalence exacte est difficile à déterminer, en particulier à cause de la difficulté à identifier des crises focales avec altération de la conscience chez ces personnes. Soigner l'épilepsie de ces personnes, avec un traitement bien choisi, améliore les fonctions cognitives. C'est donc important de repérer ce qui pourraient être des symptômes de crise d'épilepsie et de consulter un neurologue pour un diagnostic et un traitement adapté, prenant en compte de possibles interactions médicamenteuses et effets secondaires.
les personnes porteuses de trisomie 21 atteintes de démence avec l’avancée en âge ont jusqu'à 84% de risque de développer une épilepsie myoclonique.
Et en pratique dans le quotidien ?
- Si après une crise unique le neurologue décide de ne pas proposer un traitement antiépileptique, c’est qu’il juge que le risque d’une seconde crise est faible.
- Rien de particulier à faire,
- Mais alerter le neurologue s’il y a un autre évènement qui pourrait être épileptique.
- Si la personne est stabilisée par un traitement antiépileptique, il n’y a pas de crainte particulière à avoir.
- Etre vigilant pour assurer une prise de traitement sans oubli. A domicile un pilulier est nécessaire.
- Attention aux interactions médicamenteuses possibles !
- Si la personne n’est pas stabilisée même en prenant parfaitement bien son traitement, vous devez en outre savoir
- Comment sont ses crises habituelles
- Ce que vous devez faire en cas de crise
- Et peut-être proposer des aménagements matériels et humains en fonction de ses risques … comme pour tous les adultes épileptiques pharmacorésistants et en tenant compte des vulnérabilités liées à son âge.
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